Sur le modèle des conventions citoyennes pour le climat, les Scouts et Guides de France ont constitué un panel représentatif de leurs adhérents et adhérentes et leur ont posé une question essentielle : comment continuer à camper, explorer la nature et transmettre les valeurs du scoutisme dans un monde où le climat change ?

Se préoccuper de demain pour continuer à vivre du scoutisme de qualité a conduit à la création des Assises, à l’image de la convention citoyenne pour le climat. Ainsi, 100 membres de l’association – 50 jeunes âgés de 6 à 21 ans et 50 adultes bénévoles – ont été tirés au sort avec, au programme, deux rendez-vous :
- Les 29 et 30 mars à Jambville (78) pour comprendre les enjeux et poser les bases de l’adaptation.
- Du 8 au 11 mai au Breuil (71) afin d’élaborer des recommandations concrètes pour transformer les pratiques du scoutisme au sein du mouvement.
Ce projet d’ampleur nationale, guidé par une démarche démocratique forte, engage l’ensemble des territoires et met les jeunes au cœur des décisions. L’objectif est clair : formuler des recommandations concrètes, suivies d’actions, qui pourront aussi inspirer la société et d’autres structures éducatives et associatives.
Cette démarche s’inscrit par ailleurs dans un cadre plus large : la dynamique éducative Clameurs. Lancée en septembre 2024, elle vise à prendre deux ans pour expérimenter, partager et ancrer de nouvelles manières de vivre le scoutisme, afin de répondre à l’urgence climatique et aux détresses des plus fragiles.
Comprendre le changement climatique avec des expériences immersives

Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et ancienne coprésidente du groupe n°1 du GIEC*, a accompagné les participants et participantes dans leur réflexion. Elle a été conquise par l’approche pédagogique et inclusive qui a permis à chacune et chacun, du plus jeune au plus grand, de s’approprier des notions complexes. Elle leur a expliqué, avec des images parlantes, le fonctionnement de la machine climatique :
« Imagine un grand mixeur géant, qui combine l’air, l’eau, le soleil, les vents et les courants marins… Mais voilà : on a déréglé la machine ! Trop de CO₂ dans l’air et hop, un gros duvet thermique qui enferme la chaleur ! »
Donner des chiffres et indiquer les conséquences
Elle rappelle que chaque année, 40 milliards de tonnes de CO₂ sont émises : 30 % sont absorbées par l’océan, 25 % sont captées par les forêts, le reste s’accumule dans l’atmosphère année après année, réchauffant la planète.
« Et l’océan, trop chargé en CO₂, s’acidifie, menaçant les huîtres et les petites bébêtes qui utilisent les ions carbonate pour former leur coquille ou squelette et c’est toute la chaîne alimentaire qui est impactée… »
Un Conseil des animaux pour comprendre les enjeux

À l’invitation d’une rate* et d’un gecko*, les enfants et les jeunes ont participé au Conseil des animaux. Par le jeu, ils ont exploré les causes du dérèglement climatique, tandis que les plus grands et les plus grandes ont analysé les enjeux en profondeur.
Quelques expériences simples, mais marquantes :
- L’effet de serre et le duvet : “Si je m’enroule dans mon sac de couchage en plein soleil… Oh là là, j’ai trop chaud !” s’exclame un louveteau de 10 ans. En quelques secondes, il a assimilé le principe du CO₂ qui emprisonne la chaleur.
- L’eau et la mousse : “Regarde, sous l’arbre, la mousse garde l’humidité, alors que sur le chemin, l’eau file direct !” Observer la différence entre un sol compacté et un sol vivant, c’est comprendre pourquoi la nature est notre meilleure alliée contre les inondations.
- Le dilemme du feu de camp : “On fait quoi si on doit choisir entre griller un chamallow et préserver l’arbre qui nous donne de l’ombre tout l’été ?” Faut-il adapter certaines traditions pour protéger l’environnement ? La question est posée
S’adapter sans renoncer à l’esprit du scoutisme

Les Scouts et Guides de France ont déjà intégré des pratiques écologiques au sein du mouvement, notamment grâce à la démarche HALP (Habiter Autrement La Planète) inscrite dans le Projet Educatif depuis 2004. Depuis plusieurs années, pour atténuer leur impact sur le changement climatique, de nombreux groupes ont pris l’habitude de privilégier des mobilités douces (train, vélo, covoiturage) ; certains ont aussi opté pour une alimentation plus responsable (moins de viande, plus de vrac, plus de circuits courts). Le choix des lieux de camp plus adaptés aux nouvelles réalités climatiques offre chaque année des discussions au sein des unités.
Reste à imaginer d’autres formes de veillées pour éviter les feux, en particulier en période de sécheresse. Et ces efforts doivent aller encore plus loin. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de réduire son empreinte écologique (atténuer) mais aussi de réinventer certaines pratiques (s’adapter) pour que le scoutisme puisse continuer à exister et s’épanouir malgré un climat en mutation. C’est tout l’enjeux de ces Assises !
Un rendez-vous en mai pour transformer la réflexion en action

Cette première session a permis de poser les bases d’une adaptation réfléchie et collective. Mais le travail ne s’arrête pas là !
Du 8 au 11 mai, au Château du Breuil (71), la deuxième session des Assises servira à transformer ces réflexions en recommandations concrètes.
Les Scouts et Guides de France veulent être acteurs et actrices du changement, en prouvant qu’il est possible de préserver l’esprit du scoutisme tout en s’adaptant aux défis climatiques. Les idées sont là, l’engagement est réel : rendez-vous en mai pour écrire ensemble l’avenir d’un scoutisme durable et innovant !
*Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est composé de plusieurs groupes de travail. Le groupe n°1 évalue les aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat. Plus d’infos sur le GIEC.
** femelle d’un rat
***Un reptile de la famille des lézards.